A chien perché !

C'était quelques jours avant Noel en 1989 . Deux ans auparavant , une violente tempête en octobre avec des vents de 200 Km / h avait touché notre littoral et la forêt communale de pins avait trinqué : de nombreux arbres étaient couchés , laissés tels au sol depuis , offrant de belles remises pour les bécasses et autres gibiers .

Nous avions à cette époque des épagneuls bretons de souche locale , sans pedigree, mais c' étaient d'excellents chasseurs polyvalents .Un mois auparavant , Hubert venait de perdre Tziganne , une petite chienne pleine de sang , tuée par une voiture à la suite d'une fugue fatale. Il la remplaça quelque temps après par Eskenn de Kerveillant , base de notre petit élevage . Je chassais alors avec Altesse ,fiile de Tosca ,ma première bretonne . Altesse ,qui avait montré un peu d'impatience lors de sa première saison de chasse ,s'était bien assagie grace à un bon travail à l'inter-saison.

La migration n'avait pas été précoce , ni abondante en novembre , mais s'avérait régulière et correcte en décembre.

Le temps était nuageux et le vent d'ouest très soutenu comme souvent en cotentin ,annonçant des averses . Altesse s'activait depuis une heure dans cet enchevêtrement de pins , tantôt passant sous les troncs , tantôt les sautant lestement en inspectant les têtes par un coup de nez : Soudain en passant sur un tronc , elle y resta figée net , la truffe pointée vers la tête du pin voisin , couché lui aussi à quelques pas . Elle ne bougea plus , le temps s'écoulait et ce spectacle me plaisait . Altesse ,en surplomb ne bronchait malgré l'étroitesse du tronc. Au bout de deux minutes je décidai tout de même de la soulager en abrégeant cet arrêt " à chien perché " , en m'approchant de la tête du pin et fis voler cette bécasse que ma gerbe de plombs ceuillit proprement . Altesse bondit alors de son perchoir pour me rapporter fièrement ce bel oiseau avec une dent très douce .