Gaucho ,la bécasse et les gardes...
C'est la mi novembre dans le début des années 90 , et le vent est au nord , porteur d'oiseaux migrateurs . Après deux places chaudes dans nos landes de pins côtières , Gaucho arrête une bécasse : mon tir sectionne un pin de 4 mêtres et ma gerbe ainsi stoppée a laissé filer ce bel oiseau ...nous l'avons recherchée , mais elle n'a laissé que des places chaudes .et je décide de changer de secteur .
A peine quelques centaines de pas sur ce nouveau terrain et Gaucho prend connaissance sur une bordure exposée au nord mais le sentiment d'une présence me fait me retourner :en effet deux gardes- chasse fédéraux viennent d'arriver dans mon dos sans le moindre bruit (ils savent faire ..!)
"Monsieur ,bonjour ! Police de la chasse , permis et assurance SVP ! "
Je retire les cartouches de mon arme et commence à sortir les documents tout en surveillant du coin de l'oeil mon chien qui continue de trouver :ça sent bon , ça y est , arrêt ! Zut ! ce contrôle est vraiment malvenu , Les fédéraux ont vu l'action aussi ....
" Pas bouger , Gaucho !" lui dis-je De toute façon , ce n'est pas son genre : issu d'une mère classée au CAC sur bécasses et d'un père trialer de printemps , il a un arrêt si ferme q'un jour j'ai mis plus d'un quart d'heure pour le retrouver à l'arrêt sur une bécasse : il était assis , tant l'attente de son maitre avait été longue .
Pourvu que cette bécasse tienne ! et ces gardes qui n'en finissent pas ! ils le font exprès , ma parole ! Ma patience commence à s'estomper ..
" OK , c'est parfait monsieur , bonne journée " Je ne me fais pas prier et fonce servir le chien , toujours à l'arrêt à trente pas tout en glissant mes deux cartouches dans le " baby "..Les deux gardes sont restés au bord du layon et observent la situation ; je me sens un peu nerveux , voire ennervé par cet imprévu , j'arrive au cul du chien ,et rien ne vole : serait-ce finalement encore une place chaude ? Au moment où je commençe à ne plus y croire , la sorcière de mordorée décolle à une quinzaine de mètres sur le côté : elle a piété pendant les cinq ou six minutes que ce contrôle a duré . et là , je lâche mes deux coups de fusil comme un débutant , beaucoup trop vite !
"Manquée , dommage " lance l'un des deux gardes," en tout cas vous avez un super chien ! Au revoir et bonne chance ! " Je peste contre eux , je les maudis .....
La bécasse a plongé du haut des pins en arrivant au layon : je décide de lui laisser un peu de repos . Nous y revenons un peu plus tard avec Hubert : la jeune Lutèce la bloquera parfaitement en bordure de ce pare-feu Je la rate alors qu'elle monte en cousant entre les branches de pin , mais Hubert ne lui laisse pas d'autre chance et elle tombe foudroyée dans les herbes sèches et les bruyères . La satisfaction se lit alors sur nos visages complices.
Désormais ,chaque fois que des gardes -chasse arrivent pour contrôler mon permis , cette histoire refait surface dans ma tête............