Métamorphoses

Nous sommes le premier Janvier ; il a gelé fort cette nuit et le thermomètre affichait -7° c ce matin . Pour dissiper les agapes du réveillon , j'ai prospecté de jolis secteurs sur N... mais Apex et Azote n'ont pas eu la moindre émanation à se mettre sous le nez . De son côté , Jean Michel avait choisi de faire les bords de Dordogne avec Julien , mais la constatation était la même : pas d'oiseaux !

Cet après-midi ,il m'emmène chasser dans des coins bien exposés et ensoleillés sur les hauteurs . Nous quittons la route et stoppons discrétement le 4x4 derrière un joli bosquet . Jean Michel , l'oeil de chasseur toujours aussi vif me fait remarquer que deux perdreaux rouges se chauffent bien tranquillement au soleil près d'un vieux tas de fumier décomposé au bord du chemin ;le passage du véhicule ne les a nullement dérangés . Pour ne pas les embêter dans leur sieste , nous sortons les chiens un peu plus loin et les clochettes s'évanouissent rapidement dans la pente sous les genévriers et les épines noires . Au bout d'une demie heure , Guiness et Azote "trouvent " .

Atos , arrivant à son tour , confirme une présence certaine de bécasse .Jean Michel m'appelle alors car il a vu la belle prendre discètement la poudre d'escampette juste avant l'arrivée des chiens .Nous remontons la pente et ces derniers se lancent à sa recherche ; et le rapide et vaillant Atos ne tarde pas à se figer à l'arrêt à l'orée du bosquet où dormaient les "rouges ". Mes deux chiennes patronnent de loin .Je pose mon fusil ,sors le camescope et pendant que Jean Michel va se placer , je lui lance :

" il arrête les perdreaux ? "

" Non ,non c'est une bécasse !"

Je suis dubitatif :" t'es sûr ? "

" Oui , oui à 99 pour 100 !!!!" :

Il est vrai qu'il le connait sur le bout des doigts son Atos .Je filme ce superbe arrêt et au bout de deux bonnes minutes ,c'est l'envol rasant d'une bécasse (et non pas des perdreaux !) que Jean Michel ne peut tirer , masqué par quelques arbres . Il revient vers moi tout sourire :

"tu vois ,c'était bien une bécasse ! "

J'en reste admiratif : leur complicité de neuf années n'a pas de failles .Nous repartons à la quête de cet oiseau , quand une deuxième bécasse décolle dans nos pieds à moins de vingt mètres de la première oubliée par les chiens partis au cul de cette première . C'est à peine croyable mais une bonne fée semble avoir métamorphosé ces deux "rouges "en bécasses : quel Bonheur ! Je n'en reviens pas .

Nous retrouvons l'une de ces deux bécasses que Guiness arrête ,puis coule avec Azote sous des épines noires,basses et très serrées dont elle aura peine à s'extraire : ma gerbe de plomb la fait basculer .

La fin de cette première chasse de la nouvelle année sera une succession d'arrêts de purs bécassiers , ponctuée par une seconde capture juste avant la nuit , parachevant magnifiquement le splendide travail combiné d'Atos et Azote.

merci JM

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