Remise improbable
4 novembre 2007.
Un petit vent de Nord balaie nos bois et landes depuis la Toussaint et nous apporte les premières migratrices. Starlett vient de se mettre à l'arrêt dans l'angle de la lande de pins ,mais la diablesse se laisse juste apercevoir sur deux mètres à l'envol. Dans la direction de la remise supposée ,150 mètres plus loin , Starlett se bloque devant un gros roncier que borde une petite rivière dont le niveau est au plus bas , car les pluies d'octobre ont été rares. Apex et Shériff , mes deux mâles patronnent .Comme rien ne vole , je les invite à couler : mais les chiens ne trouvent pas d'oiseau : déjà repartie ! Soudain le jeune Apex trouve une piste ; elle a piété ....et une trentaine de mètres plus loin , c'est l'arrêt d'Apex : Starlett et Shériff arrivent à leur tour et patronnent . Les trois bretons sont parfaitement alignés le long de la berge à deux mètres les uns des autres : joli tableau avec le reflet ondulant sur l'eau. Plus rien ne bouge !
Un bruit dans mon dos : je me retourne . Sur l'autre berge un chasseur s'approche , suivi de son corniaud de chien .Nous entamons une conversation : il me dit avoir tué une faisane ce matin et levé une bécasse à la Toussaint grâce à son chien mi fox-mi ratier ,mais excellent leveur . Je lui explique que je suis à la recherche d'une bécasse déjà levée ....Nous profitons de ce spectacle qui l'émerveille et qui dure depuis quatre ou cinq minutes ; mais je reste prêt au cas où ça vole ! J'en profite pour demander à ce chasseur dit "Jeannot la Gouesle " s'il ne voyait pas quelque chose devant Apex toujours très tendu. Il s'approche un peu plus en face d'Apex :
-"Ah ben non ! ça alors ; il arrêterait pas un rat ton chien ? "
-" Non ,je ne pense vraiment pas .."
Elle devait être sacrément bien cachée , et les pieds dans l'eau ,sous le repli de la berge creusé par le courant ,car la bécasse décolle finalement d'un vol rasant pour ensuite monter vers la cîme des grands arbres : j'épaule , le baby-bretton gronde et elle tombe sous la grenaille.
Jeannot n'en revient pas : lui qui me disait quelques instants auparavant qu'il chassait plutôt les faisans car les bécasses étaient un gibier trop malin pour lui et son chien .
-"Curieux endroit pour une bécasse tout de même !" me lance -t-il en partant
Sans doute n'a t-il pas voulu m'avouer qu'il ne dédaignait pas tant que ça cet oiseau car il semblait en connaître les habitudes , sauf peut-être cette remise aussi inattendue qu'improbable .